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Cette année encore, les élèves ont été nombreux à se lancer dans l’écriture d’un poème d’amour pour la Saint Valentin !
Voici donc les résultats et poèmes récompensés pour l’édition 2020 du Concours St Valentin :
Prix LYCEE
1er prix : Paul Ricros
Les touches d’un piano, qui s’affaissent,
Cette voix, muette, et pourtant si distincte
Les notes qui s’enchainent, se nouent,
Solennelles, tristes, heureuses,
Les couleurs de tes sentiments se mélangent,
Fusent, jouent, et se suivent,
Certaines s’envolent, tandis que d’autres plongent,
Celles-ci disparaissent, pour en créer de nouvelles
Et les émotions changent.
Aujourd’hui j’ai vu de belles choses,
Que j’ignorais hier,
Et que j’oublierais demain,
Masi ce qui restera,
Ce sont les teintes, les couleurs,
Les ombres et les lumières,
La profondeur, parmi la monotonie,
Et la lune, reflétée sur l’eau calme,
Du lac où nous sommeillons,
Dans l’attente d’une brise, agitant la surface,
Et troublant le fond,
Pour que ce récit commence.
2ème prix : Raim-beau 1(5)
« A distance »
Ô toi, dis-moi, si hier devenait aujourd’hui
Recommencerait-on de nouveau ces erreurs ?
Toutes ces maladresses de début de jeunesse
Ces étreintes trop passionnées à en faire mal
Et ces grands adieux aux larmes silencieuses.
Tu étais fleur bleue et j’étais à fleur de peau
Puis tu m’as mis en lumière, une ombre qui brille.
Ta peau sous les premières lueurs de miel
Sans savoir que je posais mes yeux sur tes vagues :
Nos réveils comme l’écume après la tempête,
Et ces soirées comme des tempêtes au grand large.
Des souffles courts, chauds qui s’élèvent dans la rue
Les nôtres, je l’ai senti au bout de mes lèvres.
Assis à contempler ces étoiles si loin
« Fais un vœu » que l’on répétait comme une prière.
Contre la distance et contre eux
A nos éternelles âmes abimées sous les astres.
Je t’aime
3ème prix : Paul Wacquant 2(6)
« A coeur joie »
Tout a changé pour moi, en ce beau jour d’été,
Dans cet immense parc où je t’ai rencontrée,
Où les oiseaux chantaient, où le soleil brillait,
Où assis dans l’herbe deux jeunes gens s’embrassaient.
Comme deux prisonniers nous étions liés,
Gravé dans la pierre notre amour a duré,
A une éternité, il aurait résisté,
Si cette damnation ne t’avait pas frappée.
Insoutenable fut la souffrance du deuil,
Indiscutable fut la sentence du destin,
Mortifié j’étais, quand au petit matin,
On m’apprit que ton lit se changeait en cercueil.
Je gravirais les cols, braverais les dangers,
Traverserais les plaines et les vastes contrées,
S’il existait un seul moyen de te revoir
Et réparer mon cœur, ne plus broyer du noir.
Chaque jour qui passe est un fardeau de plus,
Je ne crains le moment où je devrai m’éteindre,
Parfois me vient l’idée de partir te rejoindre,
A quoi bon résister encore et toujours plus ?
Quand viendra le jour où mon âme montera,
Nous nous retrouverons, nous prendrons dans nos bras,
Plus rien ni personne ne nous séparera,
J’accepterai la mort, ravi et à cœur joie.
« Petit » coup de cœur : Maëla Le Mignon
Tu es un puits car la vie en toi ruisselle,
Sautillante, abondante, joyeuse et éternelle.
Tu es un puits car je ne saurais apprécier
Sans toi, des bonheurs simples, le goût inégalé.
Tu es un puits car derrière ta transparence,
En couleurs, chapardeuses, d’autres apparences.
Enfin tu es un puis car sas même le savoir
C’est toi qui détiens la clef de notre Histoire.
Mas moi, qui suis-je dans ce cas ?
Tout simplement le seau (le sot ? ), voilà.
Le seau qui, à chaque descente, se remplit,
De rires, de gaieté, d’espérance et d’envie.
Ce même seau qui, finalement vidé,
N’espère plus que dans sa prochaine retombée.
Toi seul es mon puits,
Ma source d’eau pure,
Jamais tu ne seras tari,
Mieux que de le dire je le jure.
Et pour notre plus grand plaisir, Paul Ricros, lauréat du concours, nous explique son poème :
Dans la ville des ombres 1, au milieu de la peur A,
Se croisent deux regards 2, sous un rayon de lune B,
Où dansent ensemble 3, solitude et rancune B,
Marques du temps passé 4, masques blancs de terreur A.
Ces années où les ombres 1, effaçant la douleur A,
Étaient à leur égard 2, compagnons d’infortune B,
Désormais ne semblent 3, qu’une frayeur commune B,
Restes de vérité 4, sous un masque menteur A.
Sur les plaines paisibles 5, où fleurit la pensée C,
S’étreignent doucement 6, compassion et tendresse D,
Laborieux printemps 7, qui efface l’hiver E,
En ce monde invisible 5, aux rêves romancés C,
Vivent deux sentiments 6, qui s’aiment et dont l’ivresse D,
Au firmament s’étend 7, au travers de ces vers E.
Analyse :
Le poème est un sonnet de Pétrarque : deux quatrains et deux tercets, avec une rupture entre les quatrains et les tercets. Ici, la rupture met en valeur le thème par l’opposition entre l’agréable et le désagréable. Le poème est donc en alexandrins, et présente une césure à chaque vers. Pour rythmer le texte et le rendre plus fluide, des rimes sont également présentes aux césures : cela permet de plonger le lecteur dans le texte plus facilement. Les rimes de fin de vers sont pauvres ou suffisantes dans la partie « désagréable », et elles sont riches dans la partie « agréable », soulignant ainsi la pauvreté et la richesse des émotions de ces deux parties.
Dans le premier quatrain, les ombres sont implicitement présentées comme la cause de la peur, mais on se rend progressivement compte qu’elles ne sont en fait que d’autres êtres en détresse, partageant nos peurs et nos remords, on peut y voir le sens de la personne désespérée, qui n’est plus que « l’ombre d’elle-même ». Elles sont accompagnées des masques, dont l’idée principale est la métaphore du « faux visage » que l’on affiche devant notre entourage, véritable barrière à une communication profonde. Les masques et les ombres étant présents au début et à la fin des deux quatrains « désagréables », ils les encadrent et en sont les symptomes. Le poème dépeint le soulagement et l’amplification de l’agréable par la fin du désagréable : il faut avoir gouté au pire pour apprécier le meilleur.
Toutefois, l’agréable et le désagréable ne sont pas distincts l’un de l’autre, ils ne dépendent que du point de vue que l’on adopte à leur sujet : tout le poème est construit sur une suite de parallélismes entre les deux parties : « Dans la ville des ombres »/ « Sur les plaines paisibles »; « solitude et rancune »/ « compassion et tendresse »…
Par ailleurs, le neuvième vers possède deux sens qui changent complètement la vision de la fin du poème : il est possible de visualiser un esprit apaisé, où la douceur règne ; mais également d’immenses plaines parsemées de pensées, qui sont des fleurs très colorées contrastant avec les ombres. La métaphore du printemps effaçant l’hiver est également à double sens : elle renforce l’idées des fleurs avec l’émergence du printemps, mais elle peut également être perçue comme le printemps agréable éclipsant l’hiver froid et désagréable : le bonheur présent dissipant le malheur passé.
L’agréable suit une progression croissante au fur et à mesure du poème : le désagréable domine tout, puis il s’atténue, avant de devenir agréable, et enfin quasiment extatique. Dans le dernier tercet, des mots forts sont utilisés comparés au lexique plutôt réservé des strophes précédentes : « romancés », « qui s’aiment », « ivresse »…
Enfin, le poème reste à terre dans sa quasi-intégralité, que ce soit « Dans la ville des ombres », ou « Sur les plaines paisibles ». On pourrait presque le qualifier de superficiel, ce que vient contraster la chute : le bonheur et la douceur se limitaient aux plaines, mais l’amour s’étend au ciel, par le biais de la poésie. Ici, la poésie est représentée avec ce seul dernier vers comme une force émotionelle permettant de s’élever aux cieux et d’atteindre non seulement son horizon, le bonheur que l’on voyait au loin, mais également d’aider ceux qui nous accompagnent encore dans l’ombre à atteindre ce bonheur. Elle libère et amplifie une infinité d’émotions qui nous subjuguent et nous embellissent.
Pour conclure sur une touche personelle, mes poèmes n’ont en général pas de nom car je ne saurais les réduire à une phrase ; « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » Camus.
vendredi 14 février 2020
Concours d’écriture Saint Valentin : Les élèves d’y sont mis à coeur joie
A coeur joie
Concours d’écriture de poèmes pour la Saint Valentin